REQUIEM FOR A DREAM |
||||||||||
Critique rédigée par Nathanaël
|
||||||||||
INFOS TECHNIQUES DVD |
APPRÉCIATION / ÉCOUTE / CRITIQUE |
CAPTURES |
||||||||
|
FILM
Après le très remarqué et remarquable Pi, Daren Aronofsky adapte le roman de Hubert Shelby Jr, « Retour à Brooklyn », l’histoire des 4 personnages aspirés par la drogue. Sara Goldfarb (Ellen Burstyn), la mère noie sa solitude de retraité dans une émission de T.V., sorte de jeu irréel avec pour quête ultime la motivation personnelle. Un jour, son téléphone sonne pour l’inviter à passer à la télévision. A partir de là, son seul objectif devient maigrir pour tenter de rentrer dans une de ces robes de jeunesse afin de passer dans le petit écran. L’idée devient très vite obsession, et Sara ne connaît plus de limite pour assouvir son rêve. Lentement, elle sombre dans les coupes faim médicamenteux prescrits par un étrange médecin. Son
fils, Harry (Jared Leto) héroïnomane d’une vingtaine d’année se
met a dealé avec son meilleur ami, Tyron (Marlon Wayans) afin de
pouvoir s’installer avec sa copine Marion (Jennifer Connely), elle même
dépendante et amoureuse.
Dépendance : « état de ne pouvoir se réaliser sans l’action ou l’intervention de quelque chose » Requiem for a dream n’est pas un film sur la drogue. Le principal sujet du film est en effet les différentes formes de la dépendance. L’intrigue s’attèle à décrire les personnages qui gravitent autour de la drogue, leurs réactions, leurs peurs, leurs rêves. Les acteurs ne sont en fait que des personnages secondaires de ce drame humain, dans ce sens où la fatalité est omniprésente et incassable. Cependant, ceux-ci sont cruciaux, et aurait pu rendre le film risible et sans impact, sans une grande performance. Savoir joué la passivité, la fatalité, la naïveté du rêve qui s’effrite. C’est Ellen Burstyn s’en tire incroyablement bien, dans un rôle de solitude et de désespoir. Seul ce rêve lointain de remettre cette robe rouge persiste. Tout simplement éblouissante quand elle s’enfonce dans son obsession et son angoisse. Vu autrefois et trop peu depuis l’Exorciste. Elle détient un rôle très difficile puisqu’elle est la seule des quatre à devoir interpréter la naissance de la dépendance, n’étant pas accro au début du film. Elle a d’ailleurs été nominés pour plusieurs prix d’interprétation (golden globe, best actress drama). Jared Leto campe son fils, Harry. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ca filmographie devient impressionnant surtout après s’être fait dérouillé en blond platine par Edward Norton dans Fight Club. Parti d’une série pour teeneger dans Angela, 15 ans, c’est plutôt pas mal. Ici encore, la performance est poignante, et l’investissement personnel important (perte de poids, apprentissage de l’accent New Yorkais…) A signaler que le jeune acteur sera à l’affiche du nouveau Fincher, Panic Room.
Marlon Wayans étonne ici par son changement de cap radical, après Scary Movie, sa performance dans Requiem, en junkie déjanté, est bluffante. On regrette que sa scène de monologue soit absente du montage final. Il joue avec finesse, sans tomber dans les excès qui pourrait rendre son personnage trop délirant, et comique. « I’m
really sorry, Marion » Quand à Jennifer Connely, elle est d’une sensualité exacerbée par les magnifiques images de Daren Aronofsky. Elle incarne parfaitement cette beauté à double tranchant, cette arme qui lui permettra d’assouvir son envie. Son personnage s’enfonce avec démesure dans un univers glauque et malsain. La beauté de l’actrice ne fait que rendre la vision de certaines images insupportable, tellement on s’attache à elle, et ne fait que rendre sa dépendance triste et sa fin pathétique. Sa voix suave et sensuelle ne laisse pas insensible. Le rôle de Marion est peut-être celui qui touche le plus. L’actrice australienne est d’ailleurs en route pour décrocher un oscar pour son rôle dans A Beautiful Mind, le nouveau Ron Howard. Concernant le film en lui même, Daren Aronofsky dresse une critique du rêve américain tout au long de son filme. Requiem for a dream, le « remix du rêve » en V.F… Les préjugés de l’American way of life, le jeune couple qui s’installe, la famille, la starisation, la télévision, volent ici en éclas. Cette image d’une famille parfaite dont parle Sara, et qui n’ait en fait qu’un souvenir lointain, la réalité et son fils drogué étant bien différente. Il faut noter également que le monde dépeint par Daren Aronofsky n’est fait que de « dépendants », de drogués : les quatre personnages principaux bien sûr, mais aussi par exemple les amies de Sara, qui se prélassent des journées entières, comme accro au soleil. Ou encore le black que va rencontrer Marion, prêt à tout (n’est-ce pas ça la définition de la dépendance… être prêt à tout pour l’assouvir ?) pour le sexe. Le message est donc simple, nous sommes tous atteints… Nos drogues : la canabis, le crack, le sport, le sexe… le cinéma… C’est le point de vue d’un drogué, à forte tendance paranoïaque, sur lequel se base le film, à savoir le livre de Hubert Shelby Jr., très largement autobiographique. A l’inverse d’un film comme Traffic, reportage filmé à l’épaule, Requiem se veut plus proche d’un côté humain, sensible, intimiste. Les personnages brûlent leurs rêves en voulant s’en rapprocher. Fatalité. C’est en cherchant la solution que l’on trouve les problèmes… Leurs rêves, quête d’absolu. Mais leurs rêves ne sont pas fait de drogue, celle-ci ne fait pas partie de leur bonheur. Ca peut paraître étonnant puisque l’on pourrait penser qu’un junkie rêve de coke. Et là encore, le film surprend et étonne. Le filme n’est en effet qu’un moyen, qu’un échappatoire… c’est l’arme qui sert à tuer, outil que l’on jette après utilisation. Certains voit en Requiem un clip psychédélique, mais s’il possède une forme déjanté, l’histoire elle est bien réelle, « banale ». Malheureusement d’ailleurs. A l’inverse de Pi par exemple. Ce film est plus une fable expérimentale, sur les rêves et comment la vie les détruits avec violence et fracas, sorte de Magnolia déjanté et trash, ou encore de Fight Club à la sauce junkie. Les effets visuels ont pour unique rôle d’ajouter à l’impact de l’histoire et non de faire une démonstration. Mais la démonstration est bien là, mener de main de maître par Daren Aronofsky, sans fioritures, Requiem touche et laisse une trace indélébile. Une des meilleurs surprises de 2001, à voir absolument, comme une expérience.
A savoir … A noter que l’on perd 10 minutes de film comparativement à la version Ciné. Pas sympa Canal. Le film étant déjà très court (1h30) on peut regretter cette attitude. Une version plus longue aurait été préférable, tellement le film est bon. Par contre la présentation est soigné, avec un des plus beau digi-pack jamais sorti (question de goût…)
A voir… Le très beau site sur le film, sorte de visite guidé de cet univers.
_______________________________________________
BonusDvd 1Sur
le dvd du film, on trouve le commentaire du réalisateur, assez répétitif
et redondant… En fait, Daren Aronofsky répète souvent combien il
aime cette scène, ce plan… On apprend tout fois des choses intéressantes,
mais également ce sont des informations également présentes dans le
making of. On sent Daren Aronofsky moins à l’aise au micro que derrière
la caméra. Dvd 2
- Scènes
coupés Neuf scènes, en général très courtes, d’une durée inférieure à 2 ou 3 minutes. Toutes intéressantes que ce soit dans le fond ou la forme. On peut en effet y voir des essais créatifs du réalisateur avec plusieurs « split screen » (partage de l’écran en plusieurs parties). D’autre part, on trouve aussi des performances très intéressantes comme le monologue de Tyron (pourquoi a t’il été supprimé ?). Encore une fois, les commentaires qui joignent celles-ci ne sont pas exceptionnels. Scène comique, Tyron imite Jar Jar. Le cinéma américain a plus d’une seule façade. Heureusement d’ailleurs… -
Making of (Durée :
35min) Personnellement,
j’aurais préféré ne pas regarder ceci. On y apprend l’envers du décor,
et ensuite le film perd un peu de sa magie, de sa saveur unique. Cela étant,
on apprend énormément sur la fabrication du film, et des effets de
style de Daren Aronofsky. -
Hubert Shelby Jr., 2 ou 3
choses (53 min) Reportage sur l’écrivain et son passé troublé, largement source d’inspiration du livre. Il s’agit du seul bonus qui est non présenté sur l’édition Z1. -
Anatomie d’une scène H. Shelby parle de sa
vision du film, ajoute son point de vue sur la réalisation. -
Interviews De tous les acteurs,
le réalisateur et le producteur. En effet, celle-ci apparaissent sous
forme de questions découpées au rasoir et les réponses brèves sont
assez pénibles à suivre. -
Interview de Shleby Jr par
Ellen Burstyn (20 minutes) Forme dialogué du
reportage sur l’écrivain. On peut tout fois capter tout
l’attachement de l’actrice quant à cette œuvre et par extension
logique cet écrivain. On comprend ainsi la raison de sa performance
exceptionnelle, due à un investissement important - 2 bandes
annonces toutes deux très différentes. - Bonus caché life story qui nous dévoile la 3e règle de Tabby Tibbons.
_______________________________________________
TECHNIQUE L’image
Après un mauvais début de film avec des problèmes de master, tout se corrige. L’ensemble du film est très correct, mais pas parfait. On peut presque regretter le zone 1 sur ce point. Cependant, la manière de filmer de Daren Aronofsky est sans doute plus intéressante lors d’une exploitation au cinéma avec son procédé chimique et la projection, contrairement au dvd et son rendu numérique.
Ici,
les nombreux effets visuels amènent des impressions de rémanence marquées,
surtout à la fin. Désagréments bien sur évité au cinéma. Cependant,
dans son ensemble, le master est très propre avec un transfert (1.85)
bien défini et maîtrisé. Les
principales erreurs sont groupées dans les scènes au montage très
court, aux cuts violents, et aux couleurs brutes et tranchantes ; où
l’image paraît trop numérique et froide. Le dvd a du mal à suivre
le travail sur l’image de Daren Aronofsky… Dommage. La présence des 4 pistes sonores (pourquoi 2 VF ?) est sûrement la raison de la dégradation de l’image de ce dvd. Heureusement, les bonus ont été placé sur une 2e galette. Pour ceux désirant une image plus proche du rendu en salle, il faudra peut-être se tourner vers le zone 1 d’Artisan, malheureusement sans sous-titres (ni fr, ni cc). Le
son
Comme d’habitude chez Canal +, quatre pistes son, dont deux dts à mi débit. Bien sûr, le film doit être regarder en V.O. pour profiter pleinement du jeu extraordinaire des quatre acteurs, et du travail d’adaptation du livre original. Cependant, les amateurs de V.F. pourront profiter de 2 pistes dolby digital et dts, mais perdront la voix magnifiquement suave et sensuelle de Jennifer Connely. Bref, vive la VO. Côté technique, le dts gagne (vive le dts !) même si le dolby fait preuve de beaucoup de dynamisme et de précision. Mais pour une fois, le dts est bien présent dans le grave, et descend bien bas. Votre format favori gagne comme d’habitude grâce à une spacialisation supérieure et de nombreux effets surrounds, plus marqués et agressifs. Autre grande gagnante, la partition très intelligente de Clint Mansell qui gagne en ampleur et virtuosité. La composition est superbe et s’étale sur tous les canaux. Alternant musique électronique agressive et saturée ; et grandes mélodies symphoniques aux violons, Clint Mansell semble avoir parfaitement traduit le scénario dans sa musique, le passage du rêve mélodieux à la dure réalité. Les thèmes reviennent aux moments opportuns, très présents mais sans être redondants. Le
filme se prête à de nombreux effets sur les différentes voies, et
certains d’entre eux sont très percutants. On comprend à travers les
divers bonus, et en regardant le film que le réalisateur est très
attaché à ce travail sur le son qui pour lui traduit « l’investissement »
du spectateur dans le film, en fait, notre immersion dans l’histoire.
Ici, c’est parfaitement effectué, et le dvd est le support idéal
pour exploiter tout l’inventivité de Daren Aronofsky. Les plans
rotatifs autour des personnages avec le son qui tourne tout autour de
nous, le frigo qui avance (oui, oui) avec fracas… L’ambiance est
bien présente, et dès le début, la bande son nous plonge dans le film
et sa musique envoûtante. Pour finir concernant les V.F., comme d’habitude (et c’est logique d’ailleurs), les pistes se tiennent moins bien avec une mise en avant trop prononcé des dialogues, et une spatialisation moins enveloppante, un rendu sonore moins cohérent. Les aigus sont devenus plus agressifs aussi, et les effets moins marqués. Bref, à éviter. |
|||||||||
ÉQUILIBRE SONORE | 14/20 |
PRÉSENCE |
14/20 |
DYNAMIQUE | 14.5/20 |
FIDÉLITÉ / NATUREL | 15/20 |
REPRODUCTION MUSIQUE | 17/20 |
ACTIVITÉ SURROUND | 14/20 |
NIVEAU L.F.E | 11/20 |
DÉFINITION SPATIALE | 16/20 |
Note Globale | 14.5/20 environ |
MIXAGE ARTISTIQUE = 16/20 |
... RETOUR ...